29 août 2014

C'EST LARMOR, MONSEIGNOR (Larmor-Plage - distance Olympique)

Comme dirait Sandie : "c'est quand même une mission à chaque fois !"




Pour cette année post Ironman et quelque peu OFF, nous recherchons avant toute chose du plaisir. Après Breizhman sous la canicule de Juillet, nous voici sur Larmor Plage et son teint tout gris. Ça doit bien faire deux ans que je n'ai pas couru une distance olympique, mais ce n'est pas pour autant que j'ai plus d'appréhension que pour Breizhman. Non vraiment là ce qui me chagrine vraiment c'est la température de l'eau. Ce n'est plus un scoop, je suis frileuse et ce n'est pas un euphémisme. L'eau est annoncée entre 16 et 18 degrés et je me vois déjà grelotante sur le vélo, les lèvres bleues et les dents qui claquent (et non l'inverse).

Pour autant je n'ai absolument pas stressé avant la course, et j'ai même osé manger des fruits et des légumes à tour de bras jusque la veille au soir.
Midi douze : l'heure de manger ! J'avale 1 far breton aux pruneaux et 1 immodium (tout va bien :-D), c'est vous dire si je suis confiante.




Juste avant l'entrée dans le parc, nous partons Tugdual et moi, pour un petit tour à vélo. Je mets mes écouteurs pour me vider la tête et ça marche tellement bien que... je me perds ! Je perds Tug, je perds ma route, je suis paumée. Et bien vous me croyez, vous ne me croyez pas, mais je reste d'une placidité qui confine à l'hébétude. Une amibe sous Xanax n'aurait pas plus de stress que moi à l'instant. Finalement je retrouve ma route et mon Grand Velu quelque poil énervé. J'ai envie comme Daroussin dans "Mes Meilleurs Copains" de lui répondre "t'énerves pas, sois cool mon grand, y a pas mort d'homme". Mais mon instinct de survie m'en empêche parce que là pour le coup, y aurait peut-être mort de femme.



Nous retrouvons Sandie et Mickaël en allant déposer les vélos. C'est sympa de discuter un chouïa avant le départ et puis nous nous installons. Après le briefing nous partons vers la plage pour l'échauffement en mer. Et là, c'est la grosse poilade. J'enfonce mes pieds au bord de l'eau et la mer se resserre comme un étau d'acier sur mes chevilles. J'ai l'impression qu'elles vont se briser. Je commence à ventiler grave, mais j'avance comme muée par une force invisible. J'ai dû perdre quelques neurones dans le froid parce que je m'enfonce encore un peu plus loin et commence à nager. Comme à chaque fois j'ai l'impression que mon coeur explose et que des milliers de décharges électriques parcourent mon corps. Je retourne sur la plage transie et grelotante. Tugdual me prend dans ses bras et me frictionne et je pars m'aligner comme un petit soldat avec les autres filles. La présence de Sandie à mes côtés me détend beaucoup. J'agite mes bras et mes épaules pour me réchauffer et je me répète en boucle : "j'ai chaud, j'ai chaud, j'ai chaud".

NATATION 1 500 mètres - temps prévu entre 30 et 35 min - sortie à l'australienne 
/ TEMPS RÉEL : 32 min

Le départ des femmes avant les garçons est une bénédiction. On pose sa nage au bout de 100 mètres à peine et on ne se prend pas de coup. J'arrive à rester dans les pieds de mes comparses et oublie petit à petit le froid qui me pénètre. Les bouées sont passées aisément sans brasse, ni arrêts intempestifs. J'ai envie de bien faire et pour une fois, de courir un triathlon au maximum de ma forme sans m'économiser, sans penser qu'il faut durer sur l'épreuve. Je ne ménage pas ma peine et tourne les bras rapidement. Finalement je me réchauffe et voilà la première boucle qui s'achève. Sortie à l'australienne, je cours sur la plage pour replonger. Les copines ne m'ont pas distancée, je peux donc repartir dans leurs pieds. Au milieu de la seconde boucle, les premiers garçons nous rejoignent et nous doublent passent dessus. Comme tout à l'heure je reste sereine. Aucun accès de panique ne viendra perturber mon confort de nage. Je peux même dire que je m'éclate bien à ce moment-là. J'ai comme l'impression que l'eau n'est plus une ennemie, mais un immense terrain de jeu. Je me mets dans les pieds de ces bons-hommes et ils brassent tellement de particules de sable que je me sens comme aspirée dans leur sillage. L'eau est très claire et je vois les particules fuser sur mes lunettes ce qui me donne l'illusion de nager à Mach 3 sur un tapis roulant. C'est jouissif et complètement addictif comme sensation. Je m'accroche à leurs bulles et nous atterrissons déjà sur la plage. Je me relève au bord et commence à me dévêtir en courant. Une volée de marche, quelques centaines de mètres sur le bitume. Je cours le plus rapidement possible sans tomber.

TRANSITION 1 -  4 minutes
J'arrive dans le parc et je tangue, saoulée par les sensations en mer et le petit footing. Je me débarrasse rapidement du reste de ma combine, mais je roule de tout bord. Un spectateur accoudé aux barrières me demande si je vais bien. Je m'ébroue et me frotte le crâne en tous sens pour reprendre mes esprits. Brrrou, ça va, ça va c'est juste le tangage des vagues qui résonne encore en moi. Le vélo de Tugdual est toujours à côté du mien : c'est la seconde fois qu'il ne me rattrape pas en natation (micro-orgasme cérébral). J'enfile rapidement tout le matos + ma veste de la Bernard Hinault afin de ne pas avoir froid. Et c'est parti.

VÉLO 40 kms - temps prévu 1h28 - 27,2 kms/h / TEMPS RÉEL : 1h16 - 29,9 kms/h

Le parcours vélo est ultra roulant, un truc qui me plaît vraiment beaucoup. Je passe rapidement sur la grosse plaque et m'allonge sur les barres. Je roule aux sensations et lorsque Tugdual me double au bout de 4 - 5 kms, je regarde ma montre. 30 kms/h de moyenne ! Je cligne de paupières pour être sûre de ne pas rêver et vérifie tout de même ma cadence de pédalage pour être sûr que je ne force pas. Effectivement je suis à 90 tours minute, j'ai l'impression que Bijou roule tout seul (re-micro-orgasme). Alors je profite, je me cale bien dans mes barres et je kiffe ma race (comme dirait mon fils). À 10 kms de l'arrivée, je repasse sur la petite par mesure de prudence et afin de garder les jambes fraîches, car j'aimerais bien courir proprement.

TRANSITION 2 - 1min36
Pas de chaussettes, je tombe la veste, attrape ma ceinture à gourdes et un gel et c'est parti. Je suis fraîche comme un gardon. C'est bien la première fois depuis longtemps que je vais entamer la course à pied sans avoir l'impression d'être détruite. J'ai même l'impression que je pars pour un 10 kms sec tellement mes jambes sont légères.

COURSE À PIED 10 kms - temps prévu 55 min - 11 kms/h / 
TEMPS RÉEL : 49min44 - 12 kms/h (record sur 10kms de Nantes : 49min15) 

Pathoff m'a prévenue que le parcours càp était exigeant. J'ai vu la vidéo sur le site du triathlon et je sais déjà qu'il va nous falloir traverser dunes, tourbières, caillebotis de bois et cie. Le premier kilomètre est en descente sur du bitume. Je me fais un énorme plaisir en ne retenant rien du tout et je dévale à 13 kms/h, mais ensuite on attaque un champ avec quelques relances et puis après c'est la plage et les dunes molles. Je ralentis tout en maintenant un certain degré d'inconfort. Je vois que mon allure tourne autour des 5 min du km et je me sens particulièrement à l'aise tout de même. Dans les sols meubles, je ne m'écrase pas comme une nouille molle, mais j'arrive à rebondir. La volée de marches pour remonter de la plage est avalée en sautillant et le parcours le long de la mer est vivifiant. Et voilà qu'arrive un moment super agréable, un moment qui ne m'était pas arrivé depuis très longtemps....je double des personnes ! Je les double et elles ne me redoublent pas c'est surtout ça qui est extra. Cela me donne le courage de ne rien lâcher. Au 9ème kilomètre je commence tout de même à me demander où se trouve l'arche d'arrivée, parce que pris dans la tourmente, je n'ai même pas vu où elle se situe. Je l'aperçois à quelques mètres de la fin et pique un petit sprint pour pouvoir terminer sous les 50 minutes de càp.

TEMPS TOTAL DE COURSE : 2h44 (meilleur chrono sur la distance)
8ème / 12 de ma catégorie
20ème/27 au scratch féminin

CONCLUSION

J'ai pris énormément de plaisir tout au long de cette course, sans jamais paniquer (première fois que cela m'arrive en natation), sans jamais rechigner et sans jamais désespérer. Je retiens une drôle d'impression du moment où le coup de feu du départ a été donné jusqu'à mon arrivée sous l'arche. Je flottais dans une sorte de bulle, il y avait comme un halo à la périphérie de mon regard. Vous savez comme lorsque vous êtes dans une voiture et que les fenêtres s'embuent sur les côtés. Seuls Séverine Dréau Depoivre et Jean-Pierre Nogues m'ont sortie de ma torpeur hypnotique par moment avec leurs chaleureux encouragements. 

En tout cas j'espère que cette sensation s'invitera régulièrement lors des prochaines compétitions.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci encore pour ce recit.
Mons